Le chien fugueur : causes et solutions

L’avis de l’éducateur Antonio Ruiz
La fugue, avec l’agressivité, me semble un des problèmes « canins » les plus ardus à résoudre. Néanmoins, des solutions existent, en voici un florilège. Bien sûr, certaines empêchent le chien de fuguer sans s’attaquer aux causes mêmes de la fugue, alors que d’autres remontent à la source du problème ; dans tous les cas, on élimine l’envie du chien de fuguer.

Il est également utile de préciser qu’un chien qui ne revient pas durant la promenade ou quand son maître ouvre la porte n’est pas un chien fugueur mais un animal n’ayant pas de rappel. C’est également un travail qui doit être fait mais qui n’a rien à voir avec notre sujet (voir ci-dessus). Un chien fugueur passe sous la clôture, au-dessus, parfois à travers ! Un chien qui fugue peut ouvrir les portes, endommager une fenêtre pour sortir « à tout prix ».

On a même vu un Berger allemand prendre délicatement la clé déjà dans le cadenas, la tourner avec sa gueule avant de pousser de la truffe le dit cadenas ouvert et de sortir de son enclos ! Incroyable mais vrai… Comme quoi un chien motivé peut se transformer en roi de l’évasion.

Qu’est-ce qui pousse un chien à fuguer ?

Un manque d’exercice, l’envie de rejoindre des copains ou une femelle en chaleur ou des humains, la faim, l’envie d’en découdre avec un congénère ne sont que quelques-unes des raisons qui incitent les chiens à se sauver. Lorsque l’ennui est la cause des escapades de votre chien, vous devez l’occuper, simple non ?

Des jouets (si possible faits pour cela) qui l’occuperont en distribuant de façon aléatoire de la nourriture, un autre animal ou quelquefois simplement un poste de radio ou de télévision allumé. L’honnêteté veut que l’on précise, avant que vous ne preniez votre décision, qu’en ce qui concerne la venue d’un autre copain, notamment un chien, c’est comme un pari à quitte ou double. Le second chien peut occuper le premier et « l’empêcher » ainsi de fuguer ou au contraire trouver que le premier a d’excellentes idées et l’accompagner dans ses randonnées.

Ce que certains qualifient « d’anxiété de séparation » (raison qui peut pousser le chien à sortir de chez lui pour vous retrouver ou au moins retrouver des humains) est un problème qui commence à se traiter en votre présence ! Il vous faut laisser le chien dans une autre pièce, dans le jardin si vous êtes dans la maison et inversement. Le chien doit s’habituer à de courtes absences. Partager de bons moments avec vous oui, être si dépendant de vous qu’une séparation n’est plus envisageable : non !

Il m’arrive souvent d’entendre des gens se plaindre que leur chien est fugueur et reconnaître sans problème qu’ils n’ont aucune clôture ! Même si certains chiens sont capables de rester sur une zone sans dépasser des limites « virtuelles », ils restent des exceptions. Le bon sens veut que l’on ne commence à parler de fugue qu’à partir du moment où vous avez une clôture en bon état et adaptée à la taille de votre chien.

La taille et les capacités physiques du chien sont à prendre en compte ainsi que sa motivation. À titre d’exemple, à l’époque où nous pratiquions le ring (sport de défense), avec Karl, mon Rottweiler, celui-ci était capable de sauter sur ordre la haie (1,30 mètre) sans la toucher et le mur (2,10 mètres) en s’accrochant et en ne prenant qu’un peu plus de 1 mètre d’élan.

C’est un rottweiler athlétique de 65 centimètres au garrot pour 45 kilogrammes. Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire de monter les clôtures à plus de 2 mètres pour être tranquille. 1,60 mètre, 1,70 mètre sont suffisants pour peu que vous preniez soin de faire un « retour » (un morceau de grillage accroché sur un bout de poteau incliné vers l’intérieur à environ 45 degrés).

Prenez garde de ne pas promener un chien qui a des velléités de fuites dans le quartier, surtout si vous quittez votre domicile à pied. En effet, on constate que ces chiens ont tendance à considérer les deux côtés de la barrière comme leur « territoire » : il devient donc normal et même indispensable qu’il y « patrouille ». Quitter votre domicile en voiture peut être la solution. Il suffit de parcourir quelques kilomètres (2 ou 3) avant de promener le chien en laisse ou de le laisser gambader.

Beaucoup plus fréquent, le cas de ces propriétaires qui, sous prétexte qu’ils ont un grand jardin, ne sortent pas ou plus leur chien, phénomène aggravé par ces chiens non éduqués, qui tirent sur leur laisse, transformant les promenades en galères. Il faut commencer par travailler les marches en laisse et marches au pied puis sortir le chien. En effet, si grand soit votre terrain, soyez sûr que votre chien en a fait le tour depuis belle lurette.

Les chiens adorent sortir avec leur maître parce qu’ils passent un moment avec celui ou celle qu’ils considèrent comme l’être le plus important au monde, parce qu’ils savent qu’ils vont rencontrer des copains et tout un monde d’odeurs. De plus, toutes les sorties contribuent à la socialisation de nos chiens. Conclusion : que vous viviez en appartement ou dans une vaste demeure avec un immense parc de plusieurs hectares, sortez votre chien… pour son bien.

Si votre chien sort de chez vous pour aller agresser d’autres chiens ou des humains ou n’importe quel être vivant, et même des mécaniques (voitures…), vous améliorerez sans doute grandement les choses en travaillant la sociabilité. De toute façon, les sorties dans ces conditions doivent être pénibles et dangereuses, à moins que vous ne fassiez déjà partie de ces personnes dont nous parlions au paragraphe précédent !

Pour les chiens qui se prennent pour des taupes et qui creusent sous la clôture, il existe une solution simple à mettre en oeuvre et très efficace. Un morceau de grillage fixé sur le bas de la clôture existante et qui revient sur le sol (comme une équerre) sur environ 40 à 50 centimètres. La végétation finit par pousser à travers la partie posée sur le sol (elle contribue ainsi à sa fixation et à son camouflage) et la distance (quelques dizaines de centimètres) dissuade votre chien de creuser.

Nous disions pour commencer que la raison qui pousse le chien à « tailler la route » peut permettre de résoudre le problème. Si vous retrouvez votre chien systématiquement chez les voisins possédant une ou plusieurs femelles, pas forcément en chaleur d’ailleurs, la castration calmera sûrement les ardeurs de votre Casanova.

Certains chiens ne se dépensent pas suffisamment, alors ils sortent seuls se dégourdir les pattes ; la solution s’impose alors d’elle-même : emmenez-le en promenade et, avec un peu d’entraînement, pourquoi ne pas courir avec lui ou l’attacher au vélo afin de faire de plus grands parcours ? Attention toutefois à ce que votre chien puisse suivre physiquement (contre-indication ou précautions pour les chiots, les vieux chiens, les faces aplaties et des chiens ayant des problèmes de santé).

Certains chiens ont un appétit qui les conduit à devenir la terreur des poubelles du voisinage, quand ça n’est pas le poulailler du fermier du coin qui trinque ! (Dans les poubelles ou les décharges, le simple plaisir de fouiller dans une source si grande d’odeurs peut aussi expliquer ce que nous considérons comme un vilain défaut.) Si c’est le cas de votre Gargantua, vous pouvez essayer de lui donner sa ration en plusieurs repas et, encore mieux, à des heures variables.

Le chien ne sachant plus vraiment quelle est l’heure de sa gamelle, il y a des chances qu’il reste davantage à la maison. Cela semble incroyable mais j’ai déjà rencontré des gens qui, en toute bonne foi, donnaient des doses trop faibles (ou bien trop élevées) à leur chien. Si celui-ci se carapate pour manger, vérifiez les quantités (directement liées à la « richesse » du produit).

Certaines personnes sont désolées de voir leur chien fuguer, même lorsqu’elles le sortent dans leur jardin pour de courtes périodes, mais à la question : « Pourquoi ne le laissez-vous pas à l’intérieur ? » la réponse tombe telle un couperet : « C’est impossible il détruit tout ! » Ou comment passer d’un problème à un autre avant, peut-être, dans l’avenir, devant les fugues à répétitions, d’envisager le pire : l’abandon ou même le pire du pire : l’euthanasie.

Simplement parce que l’on n’a pas pris la peine d’apprendre au chien à rester seul quelques heures dans la maison.











 









 





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